La rue Haute – Honfleur
La rue Haute… la rue du Studio du Gouverneur et la rue la plus basse de Honfleur !
La « Raute rue », c’est ainsi que les Honfleurais désignaient, en patois, la rue Haute, dont les origines peuvent être rattachées à la voie romaine qui longeait la côte normande à cet endroit. Dans son ouvrage écrit au début du XXe siècle, Vieilles rues, vieilles maisons, l’historien Charles Bréard n’hésitait pas à écrire que c’était de cet endroit que « Jules César aurait embarqué, en 55-54 avant J-C, afin d’aller conquérir la Bretagne (actuelle Angleterre) ». Comme si Honfleur manquait de héros !
Appelée « Vicus regis » (chemin royal au Moyen-Âge), elle prend le nom de Haute rue à partir de 1410. Un nom étrange quand on regarde la topographie honfleuraise et qui laisse deviner, au contraire, qu’elle est une des plus basses de la ville. Exact ! Mais il faut se placer par rapport à la mer et non à la terre ! Ainsi, elle doit son appellation au fait qu’elle soit haute par rapport aux eaux de l’estuaire qui, jusqu’au début du XXe siècle, battaient au pied des maisons.
Quartier des gens de mer, elle est la pépinière des Terre-neuvas et explorateurs au XVIe siècle. Aux n° 50-52 se trouve d’ailleurs la maison qui appartenait à Pierre de Chauvin, capitaine de la Marine royale, fondateur en 1600 du village de Tadoussac, au Canada. Huit propriétés, la plupart à encorbellement, sont inscrites ou classées aux Monuments historiques. Elles témoignent de la richesse architecturale d’une rue dont les habitations, au XIXe siècle, étaient pourtant décrites par le Lexovien Etienne Déville (conservateur du musée de Lisieux) comme « serrées les unes contre les autres, moisies, crevassées et délabrées… »
La rue Haute fut renommée rue Gambetta en 1881 après le passage du président de la Chambre des députés, pour l’inauguration du bassin de Chasse. Elle a retrouvé son nom de rue Haute au milieu du XXe siècle.